Communautés de pratique, le meilleur lieu pour apprendre

Introduction

Dans cet article il s’agit de définir les communautés de pratique, identifier différents types de communautés et les conditions de réussite de leur mise en œuvre. Dans cet article Il sera fait référence à Etienne Wenger, ainsi qu’ à l’ouvrage collectif Communauté de pratique et management de la formation » [1] sous la direction d’Eddie Soulier et Jacques Audran, paru aux Presses de l’UTBM.

Cet article est le premier d’une série de 6 articles. Les 5 prochains articles seront exclusivement consacrés à la présentation détaillée d’articles tirés de l’ouvrage cité ci-dessus. Ils seront publié au rythme d’un article par semaine entre le 2 et le 30 septembre 2017.

Origine et définition des communautés de pratique

Etienne Wenger est la personne la plus souvent citée quand il s’agit du concept de communauté de pratique. Les spécialistes du sujet  vous demanderont de quel Wenger parlez-vous, de celui de 1998, de 2004 voire de 2015, car, comme il le dit lui-même dans la préface à l’ouvrage « [1] dont il sera question dans une série d’articles à venir, «  le concept de communauté de pratique fait partie d’une théorie sociale de l’apprentissage où il est un concept parmi d’autres et cette théorie a beaucoup évolué depuis que le concept a été proposé »

Le concept remonte à 1991, et apparaît pour la première fois dans un livre écrit avec Jean Lave : « Situated Learning »

Learn Online, le « portail de la formation à distance en Belgique » [2] retient la définition de 1998 :

Les communautés de pratique sont des groupes de personnes qui partagent un intérêt ou une passion pour quelque chose qu’elles font et qu’elles apprennent à améliorer grâce à des interactions régulières” (Wenger, 1998) [3].

Les communautés de pratique et moi

Si l’expression date de 1991, les communautés de pratique ne sont pas nouvelles. Et si je m’intéresse de près depuis plus de 12 ans à l’animation des communautés de pratique [4] – dans un contexte d’entreprise ou universitaire – j’ai personnellement plus de 50 ans d’expérience dans différentes communautés de pratique sportive(s), expérience acquise dans plusieurs pays.

Ballons de Volley-ball et Handball

Un club sportif est un bon exemple de communauté de pratique, tout en soulevant la question épineuse de la notion de pratique.

Qu’est-ce qu’une pratique ? Et parle-t-on de la même pratique quand on est absolument novice (débutant) et pratiquant au plus haut niveau (expert du domaine)? Pour donner un exemple personnel : J’ai pratiqué le Volley-ball avec  Séverin Grandvorka (bonjour Séverin, si tu me lis.), « du même côté du filet », l’année où il a été désigné comme meilleur joueur européen (en 1971 ou 1972). Pour ma part, je découvrais le sport dans le cadre de mes études en EPS. Peut-on parler ici de pratique identique? Nous reviendrons sur le sujet de la pratique quand nous analyserons l’article d’Eddie Soulier paru dans l’ouvrage cité en introduction.

Quelques types de communautés de pratique

Reprenons la définition de Wenger, “une communauté de pratique est un groupe de personnes qui partagent un intérêt ou une passion pour quelque chose qu’elles font et qu’elles apprennent à améliorer grâce à des interactions régulières.”

Selon Wenger, trois dimensions définissent une communauté de pratique : le domaine, la communauté et la (les) pratique(s)

Dans un contexte d’entreprise, comme par exemple chez Daimler Benz[5], l’on aura des communautés organisées autour de domaines techniques ou de métiers . Chez Daimler Benz les Tech-clubs (le nom donné aux communautés de pratique) se sont d’abord centrés sur les problèmes posés par les plateformes.

Dans un livre blanc largement diffusé en son temps (2012) le Crédit Agricole faisait un retour d’expérience sur la mise en œuvre des communautés de pratique, et donnait un plan d’action simple et concret pour leur mise en oeuvre. Selon l’interview publiée par FocusRH [ 6], les différents types de communauté étaient les suivants : « des communautés métiers, des communautés projet et des communautés  selon affinités (dites “affinitaires”)»

Conditions de réussite des communautés de pratique

Dans le même interview déjà évoqué à l’instant, répondant à la question, Quelles sont les précautions à prendre en compte dans cette mise en œuvre ?

La personne interviewée nous disait:

« Le principal point de vigilance concerne l’animation régulière de la communauté. Nous avons pu constater que le travail d’un community manager est toujours nécessaire. Malheureusement, les organisations traditionnelles ont tendance à sous-estimer le temps consacré à cette tâche et ne prévoient donc pas toujours cette fonction, pourtant centrale dans le succès du projet. »

Poste de pilotage

Poste de pilotage

Un point de vue auquel je souscris à 200% et que partageront certainement les animateurs de communautés de pratique et autres “community managers”.

Et, selon moi, il y a d’autres conditions à la réussite d’une communauté de pratique:

  • La communauté de pratique a un sponsor de haut niveau dans l’organisation, qui croit en elle et la soutient;
  • Les membres définissent eux-mêmes, leur organisation, les règles de fonctionnement, les activités et choisissent leur outils;
  • La communauté de pratique préserve son autonomie de décision et négocie avec l’organisation les missions qui lui sont confiées (en raison même de son expertise dans le domaine défini);
  • La charges mentale et les missions d’animation sont réparties entre l’animateur en titre et des membres du « core group » (les membres les plus actifs, les plus engagés)
  • La communauté crée de la valeur pour ses membres (apprentissage, partage de bonnes pratiques, réseau, reconnaissance, visibilité,…) et pour l’organisation sur les plans opérationnel (résolution de problèmes, …) et stratégique (veille, innovation,…), à court, moyen et long terme.

Le futur des communautés de pratique

Selon des prospectivistes allemands [7], les communautés de pratique pourraient constituer les structures sociales d’identification, le seul point de référence stable ou permanent, dans des carrières professionnelles très diversifiées, dans des statuts multiples, séquentiels ou simultanés.

Selon moi, les communautés de pratique seront le moyen privilégié par lequel les travailleurs, quel que soit leur statut, resteront à la pointe des connaissances et compétences nécessaires à l’exercice de leur métier. Ils appartiendront le plus souvent à plusieurs communautés simultanées dans lesquelles ils pourront exercer des rôles différents (membre “passif”, membre actif, mentor, tuteur, animateur, sponsor, veilleur, curateur, …) selon leur degré d’expérience, d’appétence et de disponibilité . L’appartenance à des communautés sera la condition essentielle pour rester connecté à son environnement professionnel et développer de manière continue ses compétences et son réseau.

Références/ Sources

[1] Communauté de pratique et management de la formation » ouvrage collectif, sous la direction d’Eddie Soulier et Jacques Audran, paru aux Presses de l’UTBM

[2] http://www.learn-on-line.be/les-communautes-de-pratique

[3] Sur le site d’Etienne Wenger la définition est la suivante : Communities of practice are groups of people who share a concern or a passion for something they do and learn how to do it better as they interact regularly.

[4] Voir par exemple ma contribution au projet Palette, un projet européen qui visait à instrumenter les communautés de pratique dans lequel je représentais la société à laquelle j’appartenais alors (MindOnSite), et dans lequel j’ai plus particulièrement travaillé sur les questions de formation et de dissémination :

[5]Communities of Practice – Tech-Clubs Daimler-Chrysler (document en langue allemande)

[6] Communautés de pratique le retour d’expérience du Crédit Agricole: Article Focus RH

[7] Gábor Jánszky et Lothar Abicht – 2025 So arbeiten wir in der Zukunft

 

 

 

 

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Comments (1)

  1. pierre dussault
    August 04, 2017

    Merci Christian!

    Cette série d’articles arrive à point car je serai en charge d’uen communauté de pratique cet automne!

    Reply

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