Priorité à la collaboration !

Introduction

Cet article traite de la collaboration dans les processus d’apprentissage et de production, à l’école et en entreprise. Mon hypothèse est que la volonté de collaborer doit précéder le choix des outils, et que ce choix va se faire en fonction des besoins de la collaboration. Cela vaut aussi bien pour la collaboration à l’intérieur d’une classe ou d’un établissement scolaire, ou avec l’extérieur (une autre classe, dans un autre pays), qu’au sein d’une entreprise stricto sensu, d’une entreprise étendue ou dans son environnement.

Comme souvent, dans ce Blog, je m’efforce de rapprocher des éléments souvent éloignés dans l’expérience quotidienne: des pratiques éducatives (en gros ce qui est du ressort de l’éducation initiale) et des pratiques de formation dans des contextes plus large de gestion des connaissances dans des organisations apprenantes.

Cet article sera découpé en deux parties. La première partie traitera de la collaboration dans un contexte éducatif et la deuxième, de la collaboration dans un contexte d’entreprise ou inter-entreprises.

  source:Digital Transformation – slide 15/40
(c) PROFESSOR WOLFGANG HENSELER

Conditions de la collaboration à l’école

Dans un rapport « Apprendre autrement à l’ère du numérique » (1), l’un de ces multiples rapports que l’on peut trouver sur l’école, depuis si longtemps, il est écrit ceci :

Les pédagogies coopératives et collaboratives (Piaget, Vygotski, Sullivan, Dewey…) s’appuient sur le constat que l’entraide entre les élèves a pour conséquence directe l’apprentissage individuel. Les interactions facilitent la compréhension et l’appropriation des nouvelles données. Selon François Mangenot (1) , « les interactions entre pairs, obligent à une verbalisation des problèmes rencontrés et entraînent une importante amélioration des performances »

Réussir à faire collaborer les élèves nécessite des compétences spécifiques de la part de l’enseignant et de réelles aptitudes au management… Comme le travail collaboratif demande de mobiliser des compétences très complexes, qui ne sont pas innées, le rôle de l’enseignant est majeur : l’UNESCO souligne ainsi que les enseignants doivent être en mesure d’aider les élèves à devenir des apprenants collaboratifs, aptes à résoudre des problèmes afin d’être des acteurs efficaces du marché du travail. Faire émerger et animer une intelligence collective demande de savoir développer des compétences individuelles au sein d’un groupe et créer du lien social. Comme le dit Pierre Lévy (2), l’intelligence collective n’est pas une fusion des intelligences individuelles. C’est quelque chose de beaucoup plus élaboré… »

La collaboration dans l’entreprise aura en effet beaucoup plus de chance de se mettre en place si les comportements collaboratifs auront été acquis à l’école. Et, pour aller dans le sens des deux extraits ci-dessus, l’animation d’une pédagogie collaborative ne s’improvise pas. Elle requiert d’y avoir été formé. Les enseignants ont-ils été formés selon des modèles collaboratifs ? Leurs pratiques professionnelles courantes sont-elles à dominante collaboratives ? Il y a certes des exceptions, mais je crois pouvoir répondre NON à ces deux questions ? Or, l’on enseigne souvent comme on a appris : « Mes enfants, ouvrez votre livre d’histoire page 27. Martin vous commencez à lire le chapitre sur Charlemagne ». Je caricature, me direz vous on n’enseigne plus comme cela, voyons !

J’ai déjà fait référence, dans un billet ancien, « Apprendre au 21e Siècle 2e partie », aux pratiques pédagogiques de Christian den Hartigh, qui applique la méthode eduScrum dans sa classe de français en ZEP. Une pédagogie collaborative, cela exige un changement de posture de la part de l’enseignant et un travail de préparation des cours, auxquels il aura dû être formé. Une approche collaborative en éducation c’est aussi un autre aménagement de l’espace, des tables en îlots, des espaces entre lesquels élèves et enseignant(s) peuvent circuler, d’un îlot à l’autre. Avec des élèves plus âgés, si la loi ou le règlement nous y autorisent, on peut imaginer plein d’activités hors les murs, des enquêtes/interviews/reportages audio ou vidéo, dans toutes sortes d’institutions ou de lieux collectifs. On négocie ensemble le sujet, les objectifs, le plan d’action, on définit et échange les rôles, on tourne, on monte, et on présente les productions, on apprend à argumenter ses choix, à accepter la critique…

La collaboration intra et inter-entreprises

Souligner que l’entreprise, quand elle recrute, veille de plus en plus aux capacités de collaboration de ses candidats est une banalité. Voyons cet extrait d’un communiqué de presse proposé par un éditeur de logiciel :

« I. L’APPROFONDISSEMENT DE LA COLLABORATION MULTI-ENTREPRISE : UNE PRIORITE POUR LES ACTEURS ECONOMIQUES EUROPEENS

 6 entreprises sur 10 veulent approfondir leur collaboration avec leurs partenaires commerciaux

Interrogées sur les principales initiatives métiers de leur entreprise pour les trois prochaines années, 61% des directions métiers donnent la priorité à l’augmentation de la collaboration avec les partenaires commerciaux. Il s’agit d’une des 3 principales priorités, juste derrière la mise en œuvre de stratégies d’exécution nouvelles et modernes (62%) et l’amélioration de la productivité (66%). Fait notable, l’appétence pour une collaboration plus poussée ne se limite pas à l’externe. En effet 56% des répondants font de l’augmentation de la collaboration interne une priorité pour les prochaines années. (3) »

La capacité à collaborer, en entreprise, n’est pas seulement affaire de bonne volonté et de confiance. Il faut aussi l’outiller, et, les solutions techniques ne manquent pas. Allez voir par exemple cet excellent article présentant de manière très professionnelle 7 outils de collaboration.

Mais, tous les outils du monde sans l’attitude le savoir-être et l’envie des collaborateurs, ne permettront en rien la collaboration. Qui, comme moi lors de l’audit qualité (de la formation) d’une entreprise du CAC 40, aura analysé un forum de partage de bonnes pratiques absolument vide 12 mois après sa mise en ligne, peut en témoigner.

Sources et références

[1] Extrait du rapport de la mission Fourgous

Rapport complet

[2]Lévy Pierre (1997). L’intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberspace. Paris : La Découverte

[3] Communiqué de presse

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Comments (2)

  1. santamaria pablo
    juin 08, 2017

    Idriss ABERKANE, dans son livre « libérez votre cerveau ! traité de neurosagesse pour changer l’école et la société » se lamente exactement sur les mêmes sujets : l’apprentissage trop individuel quelque soit la classe et le manque d’intérêt pour la collaboration

    Reply
    • Christian MARTIN
      Christian MARTIN
      juin 15, 2017

      Merci Pablo pour la référence au livre d’Idriss ABERKANE, ce sera mon prochain achat. …

      Reply

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