Codéveloppement à haute vitesse 1/n

Introduction

Les groupes de codéveloppement professionnel sont une pratique déjà ancienne, au Canada et en France notamment.

Un groupe de codéveloppement peut se définir simplement comme un groupe de 5 à 8 personnes qui vont partager, le temps d’une réunion, une problématique, un projet, une préoccupation, de l’un de ses membres appelé dans ce cas le CLIENT.

Dans cet article nous avons un double objectif

– vous présenter simplement, les caractéristiques d’un groupe de codéveloppement professionnel

– vous soumettre pour réaction et commentaires une variante à distance, combinant des situations dites synchrones (on est tous ensemble, au même moment sur l’Internet, dans un espace dédié)

et des situations asynchrones (ou chaque participant peut contribuer en l’absence des autres,  par exemple sur un forum de discussion, sur le réseau social de l’entreprise, sur les réseaux sociaux comme LinkedIn, ou Xing …)

1-Le modèle des groupes de codéveloppement  professionnel d’origine

C’est celui, que l’on va retrouver décrit dans le livre (1) d’Adrien Payette et Claude Champagne

Vous me pardonnerez les simplifications. Pour aller vite je vais décrire les caractéristiques au travers de 3 dimensions:

– les rôles

– les étapes du processus

– les règles et valeur

1.1 Les rôles

Dans un groupe de codéveloppement, 3 rôles sont assurés par les membres du groupe:

– le rôle du CLIENT

– le rôle des CONSULTANTS

– le rôle du FACILITATEUR

Le CLIENT, est la personne qui, ce jour- là, va proposer une Problématique, un Projet, une Préoccupation au groupe.

Les CONSULTANTS sont les autres membres du groupe qui vont « consulter », c’est à dire apporter leurs idées, expériences, conseils, en vue d’aider le client dans la résolution de la problématique, du projet ou de la préoccupation

Le FACILITATEUR, va faciliter le dialogue / la conversation structurée et faire respecter le processus et les règles de conduite

 

1.2 un processus en 6 étapes

J’emprunte l’intitulé des étapes à l’AFCODEV (2) – leur contenu est de ma plume, le plus souvent

Etape 1: Exposé par le CLIENT de sa problématique, de son projet ou de sa préoccupation

Etape 2: Clarification Questions des CONSULTANTS au CLIENT en vue de clarifier, et mieux comprendre ce dont le CLIENT parle et ce qu’il attend, l’impact de son problème, comment il a déjà tenté de le résoudre.

Etape 3: Contrat Le CLIENT prend en compte ce qui vient d’être dit pour FORMULER ou REFORMULER une demande, c’est à dire ces attentes vis à vis du groupe de CONSULTANTS

Etape 4: Consultation / exploration Au cours de cette étape, les CONSULTANTS proposent au client, des axes de recherche, leurs idées de solutions, leur ressenti, leurs intuitions, en résumé tout ce qui peut faire avancer le client dans la résolution de sa problématique, en veillant (peut-être?) à répondre à sa demande.

Etape 5: Synthèse et plan d’action Au cours de cette étape, le CLIENT restitue ce qu’il a entendu et indique aux CONSULTANTS les pistes qu’il va retenir dans son plan d’action, sans chercher à se justifier.

Etape 6: Apprentissage et régulation: au cours de cette étape, les membres du groupe partagent ce qu’ils ont appris au cours de la séance et s’organisent en prévision de la prochaine réunion (qui sera le client? quand elle aura lieu, notamment). L’idéal étant que toutes les sessions – au moins égal au nombre de membres du groupe (pour que chacun puisse être client) – soient programmées dès le lancement. Certains groupes de codéveloppement professionnel sont actifs pendant de nombreuses années après leur lancement…

1.3 des règles simples et des valeurs fortes

De son code de déontologie (en 7 points) l’AFCODEV (2) insiste sur 4 valeurs qui en même temps sont des règles qui s’imposent au groupe!

– Confidentialité

– Bienveillance

– Parler-vrai

– Engagement

 

On peut tirer de ces valeurs/règles fondamentales quelques règles « techniques » comme par exemple :

– ne jamais enregistrer les échanges (par quelque moyen que ce soit) mais on peut en garder des traces écrites ;

– ne jamais diffuser à l’extérieur du groupe le contenu précis des échanges ;

– s’exprimer poliment (quoi que le parler vrai puisse mettre des limites à la politesse). On peut aussi demander au client s’il souhaite une consultation « soft » ou plus « cash » ;

– écouter et ne pas interrompre ;

– respecter le protocole de communication (processus type) ;

– être sincère ;

– être ponctuel : si un participant est en retard, soit il faut tout recommencer ce qui fait perdre un temps précieux au groupe, ou alors il ne peut plus comprendre les échanges ;

– être régulier dans sa participation.

 

2 – Un modèle adapté 100% en ligne et à haute vitesse

2.1 Deux remarques préalables

– à haute vitesse fait référence plutôt à la durée (plus courte) des séances, et à leur fréquence (plus élevée)

– 100% en ligne ne signifie pas que l’on s’interdit de se rencontrer dans la vraie vie. Dans l’idéal, l’on aura un modèle hybride, en ligne et en présence dont la périodicité sera fonction de la distance géographique entre les participants. Les propositions faites en consultation doivent être synthétiques, Il est donc fréquent que le client ait envie de creuser un point avec un des consultants, ce qu’il fera en dehors de la séance pour ne pas mobiliser l’ensemble du groupe.

2.2 pourquoi ce modèle ?

Tout va de plus en plus vite. L’accélération s’accélère, et les processus de travail nous laissent de moins en moins de temps pour réaliser nos tâches

Comme il s’agit de Groupes de Codéveloppement Professionnel, les problématiques, Projets et Préoccupations soulevés seront professionnels. Et dans certains cas, les délais ne seront pas en semaines ou jours, mais plutôt en heures.

Il faudra donc pouvoir aller vite et dans certain cas pouvoir mobiliser rapidement le groupe (en cas d’urgence) .

 

2.3 Comment ce modèle va-t-il vous faire gagner du temps et de la profondeur

L’idée centrale est d’utiliser au mieux le temps synchrone et le temps asynchrone :

  • Le temps synchrone va permettre d’aller vite dans l’échange d’information et d’idées ;
  • Le temps asynchrone va permettre d’aller plus profond de manière réfléchie et documentée.

L’on respecte les 6 étapes, mais au lieu de les faire tenir en une seule séance, on les « ventile » sur trois temps

1er temps (synchrone) – en vidéoconférence, dans une conférence téléphonique, dans un chat, – qui va durer 30 à 40 minutes, l’on parcoure les étapes 1, 2 et 3 et l’on débute (lance) l’étape 4 avec les premières idées (pour amorcer la pompe).

2ème temps (asynchone) – dans l’espace collaboratif de son choix (Teams, Slack, Sofa, …) on poursuit l’étape 4, et chacun vient, à son rythme, proposer ses idées, généralement sous une forme écrite, mais pourquoi pas par des vidéos courtes?

NOTA:

=> avant le 3ème temps le CLIENT prend connaissance des idées, et prépare la restitution qu’il va en faire et son plan d’action

3ème temps (synchrone) dans une deuxième réunion en vidéo conférence (de 10 à 15 minutes environ) le groupe va parcourir  les étapes 5 et 6 du modèle.

 

Conclusion

Si l’on observe avec attention ce modèle, le mix « synchrone » « synchrone » permet d’étendre considérablement la durée de la réunion, et de prendre moins de temps à chaque acteur

En outre le modèle offre les avantages suivants, quand on le compare au modèle classique :

  1. il est plus facile d’organiser deux réunions rapides de 30 minutes (surtout si l’on a des jours/heures fixes) qu’une seule réunion de deux heures / deux heures 30 ou trois heures
  2. le groupe est plus productif car les temps de réflexion échappent au temps de réunion (les cerveaux travaillent en temps masqué sur le problème du CLIENT)
  3. le CLIENT dispose de plus de temps pour analyser et « intégrer » les propositions des CONSULTANTS
  4. il facilite la conservation de traces (ne pas enregistrer le déroulement d’une séance, n’exclut pas la conservation de traces des leçons apprises et des bonnes pratiques partagées, voire la manière dont les conflits ont été vécus et résolus à l’intérieur du groupe).

 

Enfin, comme une évidence, ce modèle est tout à fait complémentaire du modèle classique, il n’interdit pas de se rencontrer dans la vraie vie, ni de s’engager dans la durée. On peut aussi prévoir quelques minutes en début de séance pour que le client précédent exprime les résultats qu’il a obtenus.

 

Références

(1) Le groupe de codéveloppement professionnel   – 20 septembre 2005

 

(2) AFCODEV Association Française du Codéveloppement professionnel

 

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