Pour commencer, il faudrait définir ce que l’on entend par Senior. Ou devrait-on dire « vieux » « vieille »? Ne parle-t-on pas de la Silver Economie?
Sur le site de Bercy (Ministères des Finances) don trouve ce texte:
Améliorer la qualité de vie des personnes âgées, garantir leur autonomie le plus longtemps possible ou même allonger leur espérance de vie : tels sont les principaux objectifs de la silver économie. Sous ce nom se cachent l’ensemble des produits et services à destination des seniors, qui se développent avec le vieillissement des Français.
Ma question: Apprendre peut-il contribuer à améliorer la qualité de vie des seniors?
Ma réponse est clairement oui, et je vais argumenter au travers de la démarche du groupe de codéveloppement professionnel.
Dans cet article, après avoir défini avec mes mots ce qu’est un senior (ce que je suis, manifestement), et survolé la situation des seniors en matière de formation, je me propose de démontrer pourquoi et comment le groupe de codéveloppement professionnel ou codev offre une perspective aux seniors en la matière de formation et développement personnel. Qui voudra aller plus loin pourra suivre les liens en référence
Longtemps, j’ai eu cette théorie personnelle: Est vieux quelqu’un qui a 10 ans de plus que moi. Puis un jour j’ai dû moi aussi m’y faire, j’étais VRAIMENT devenu vieux…
Quand on cherche des informations sur la formation professionnelle des seniors, on constate
1. que l’information pertinente est rare, même là où on devrait la trouver.
2. que toutes les études montrent que l’on se forme de moins en moins au fil du temps.
3. que les sources de démotivation sont nombreuses et variées: à quoi bon? Quelles sont les perspectives pour moi? Dans la course pour l’emploi, mon CV sera systématiquement écarté même si je coche toutes les cases des exigences du poste. Et, de toutes façons, je « n’imprime plus »
Dans le jargon francophone on parle de #codev. Et je vais vous proposer la variante Codev pp (ou mémé si vous préférez).
PP pour professionnel et personnel.
Flashback: une histoire personnelle: Dans ma vie d’avant j’ai été assistant de français dans une ville d’Angleterre sur les bords de la mer du nord. Parmi mes nombreux loisirs, il y en avait un qui consistait à prendre des cours de néerlandais (Dutch, en anglais) deux fois par semaine avec une personne native des pays-bas.
J’étais le seul jeune, tous les autres participants étaient des seniors. Quel était leur but en venant à ce cours?
Apprendre une nouvelle langue est une des recommandations que l’on peut faire aux seniors à la recherche d’une activité stimulante pour l’esprit. Et, si vous me le demandez, je vous dirai pourquoi.
Le Codev est une démarche qui s’applique de manière plus large à tous les sujets (au sens que lui donne Claude Champagne dans son dernier livre (1))
Le groupe de Codeveloppement, peut s’appliquer également à des problématiques personnelles et pas exclusivement professionnelles.
Les seniors sont souvent confrontés à un mix de problématiques professionnelles et personnelles (travail, famille, santé, vie sociale, …).
Les seniors ont l’expérience qui va pouvoir être mobilisée par le groupe dans une démarche d’intelligence collective.
Le codev est une démarche dont la mise en oeuvre est rapide et qui ne nécessite pas de connaissances préalables autre qu’un vocabulaire commun minimum.
Les seniors ont généralement du temps à disposition.
Les seniors (par exemple les « Boomer« ) ont le plus souvent en commun un système de valeurs qui favorise leur engagement dans le temps.
Le Codev peut ne RIEN coûter; certains seniors, ayant déjà du mal à se nourir ne vont pas pouvoir s’offrir une formation payante ou coûteuse (mais se former est toujours un investissement: bon pour la santé, le moral, la connaissance de soi, l’employabilité, une vie bonne…)
Pour qui découvrirait le concept, un groupe de codéveloppement est un groupe de 5 à 8 personnes qui se réunissent régulièrement pour apprendre ensemble et les uns des autres à partir d’un cas (d’une problématique) apportée par l’une d’entre elles.
C’est une démarche structurée tout en étant flexible, qui mérite d’être « facilitée » par une personne extérieure au groupe (le facilitateur/la facilitatrice) qui sera le gardien des règles de fonctionnement, dont l’ABC : Authenticité, Bienveillance, Confidentialité…
Le groupe se réunit régulièrement et les membres du groupe s’engagent à participer à toutes les réunions sur une période donnée.
Il y a au moins autant de réunions que de membres dans le groupe.
Et le groupe fixe lui-même la durée et la fréquence des réunions à l’intérieur des pratiques recommandées (entre 1h et 3h selon les auteurs)
Pour illustrer ce qui se passe au cours d’une séance, prenons le cas d’Alexandre, une jeune senior (10 ans d’expérience professionnelle dans la banque) qui a décidé de changer de métier.
J’ai déjà traité cette question qui parait simple, mais qui finalement est relativement délicate (2). Je vais considérer que vous êtes un senior déjà sorti du monde du travail.
Je vais vous proposer une démarche adaptée:
1. Avec qui j’aimerais-je me retrouver régulièrement pour parler et apprendre au moins une fois par mois voire chaque semaine, et en qui j’ai entièrement confiance,
2. En quoi cette personne est-elle différente de moi?
3. Qu’avons-nous en commun (connaissances, expériences, valeurs, …)?
1. Vous vous documentez sur le groupe de codéveloppement professionnel pour pouvoir en parler (voir d’autre articles en référence, ou notre livre « Les (nouveaux) chemins du codéveloppement »(3) il devrait vous donner des idées.)
2. Vous cherchez votre partenaire de départ
3. Ensemble, vous recherchez chacun un deuxième partenaire à qui vous expliquez le projet et cadrez les règles, fréquences des réunions – cela peut prendre du temps) (vous êtes maintenant 4)
4. Vous proposez à vos deux nouveaux partenaires de passer d’eux-même rechercher chacun un nouveau partenaire (vous êtes maintenant 6, le nombre idéal compris entre 5 et 8)
5. Vous réunissez le groupe une première fois, et ensemble vous vous mettez en quête d’une facilitatrice ou d’un facilitateur (il en a des milliers de formés en France et au Canada)
6. Vous sélectionnez la facilitatrice ou le facilitateur par consensus
7. Vous planifiez et participez à la première séance du groupe
– Cherchez un partenaire de confiance maximale comme partenaire de départ – mon truc personnel : déjeuner 2 ou 3 fois avec lui si vous ne le connaissez pas, et ou passer une semaine de vacances avec lui si vous croyez le connaitre 😉 (expérience vécue)
– Bloquez les créneaux envisagés dans votre agenda, pour la première séance et toutes les séances suivantes – mon truc: viser le jour et l’heure fixe – hors jours fériés –
– Vous vous appropriez (absolument) le cadre, ou le déroulement type de chaque séance avec sa terminologie spécifique – par exemple pouvoir expliquer la notion de Problématique.
– Décidez avec le groupe le groupe EN présence du facilitateur, quels types de problématiques sont privilégiées et lesquelles sont exclues
(1) Claude Champagne, Le codéveloppement, l’intelligence collective au service de l’individu et du groupe – Editions EYROLLES, 2021
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