Cet article présente l’art de la conversation du point de vue de l’action située.
Il fait référence au livre de Suchman « Human machine reconfigurations. Plans and situated actions » [1] ainsi qu’à un article, « Conversational Energy » de Charles E. Smith que je viens de traduire et partager sur LinkedIn.
Dans l’attente de recevoir le livre de Jean Lave [2] commandé sur une librairie en ligne bien connue, j’ai entreprise la lecture du livre de Suchman ci-dessus, livre qui me parle à plusieurs titres. Ce qui a frappé le linguiste en moi, c’est ce passage qui s’insère dans un sous-chapitre intitulé Conversation as ensemble work, que l’on pourrait traduire bêtement, comme le fait Google, mais que je traduirais plutôt par La conversation comme un travail d’orchestre, ce qui me semble plus proche de la pensée de l’auteur. La longue citation qui suit ne sera pas traduite :
« Closer analyses of face-to-face communication indicate that conversation is not so much an alternating series of actions and reactions between individuals as it is a joint action accomplished through the participants’ continuous engagement in speaking and listening . In contrast to the prevailing preoccupation of linguists and discourse analysts with speaking, where the listener is largely taken for granted or as extraneous, conversation analysis shows that the action of listening is consequential to the extent that “the listener’s failure to act at the right time in the right way literally prevents the speaker from finishing what he was trying to say – at least from finishing it in the way he was previously saying it. The speaker, in continuing to speak socially (i.e. in taking account in speaking of what the other is doing in listening), makes accountable the listener’s violations of expectations for appropriate listening behavior” In the same way that the listener attends to the speaker’s words and actions to understand them, in other words, the speaker takes the behavior of the listener as evidence for the listener’s response. »
Si l’on analyse le membre de phrase mis en gras, ci-dessus, celui qui écoute détermine autant le déroulement de la conversation que celui qui parle. Et, si celui qui écoute ne réagit pas au bon moment, et de la bonne manière, il empêche celui qui parler d’aller au bout de sa pensée. Ainsi, c’est aussi la qualité de l’écoute (et la capacité à comprendre) qui va déterminer la qualité de la conversation.
De même, dans un orchestre, on ne va pas « bien » jouer (ensemble) si on n’écoute pas son voisin et le reste de l’orchestre.
Je suis engagé dans la traduction d’un livre dont le sous-titre est « Conversations that matter » et, je viens juste de partager sur LinkedIn l’article « Conversational Energy / énergie conversationnelle »
La thèse du livre de Charles E. Smith est que les conversations, les conversations qui comptent vraiment, génèrent une énergie collective. Au cœur de ces conversations, l’on retrouve de manière constante, le fait de dire la vérité, simplement.
La conclusion de l’article « Conversational Energy », traduite par mes soins nous dit :
Victor Sanchez nous enseigne que « Les systèmes ayant le plus d’énergie disponible s’imposent ; les profits, les bonnes idées et la force ne suffisent pas ». Dans tous les projets, sociétés et relations que nous avons rencontrés, plus le niveau d’énergie était élevé et plus grande étaient les chances de succès. Comme l’esprit d’équipe en sport – plus l’énergie est basse et plus l’effort risque d’échouer ou être insuffisant. L’Energie Conversationnelle prédit le succès. La trouver, l’enseigner, la pratiquer et l’ennoblir crée un potentiel explosif.
[1] Suchman, L. (2007). Human machine reconfigurations. Plans and situated actions. (2e édition)
Cambridge University Press.
[2] Lave, J. (1988). Cognition in Practice: Mind, mathematics and culture in everyday life. Cambridge:
Cambridge University Press.
Billets précédents:
Billet 1: Définitions de l’apprentissage situé
Billet 2: Pourquoi s’intéresser à la théorie de l’apprentissage situé?
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