Quand Sarah (ré)invente le Codev

Introduction

Sur la proposition de notre éditeur, nous avons été mis en relation avec Sarah Ellero, journaliste indépendante (Journaliste-conceptrice & rédactrice de contenus éditoriaux) qui écrivait un article sur le travail collaboratif destiné à un magazine féminin, dont nous ne savions rien, moi, du moins.
Le slogan du magazine : « Le bonheur commence après cinquante ans ».

C’est l’expérience de l’interview que je relate ici et des idées qui me sont venues à la lecture de l’article parue dans l’édition de juin-août 2022.

L’idée était de pouvoir communiquer sur notre livre(1) écrit en collaboration : Les (nouveaux) chemins du codéveloppement, éditions Géréso, février 2022

Cet article considère que vous avez déjà entendu parler des Groupes de codéveloppement professionnel. Si ce n’est pas le cas, je vous invite à lire d’emblée l’article (2) donné en références, en bas de ce texte. Il s’agit du  premier article d’une longue série qui vous donnera les bases

Sommaire du numéro

Le sommaire entier nous éloignerait de notre propos, nous reprendrons seulement les intitulés des parties très parlants en eux-mêmes. Notre contribution, qui débutait page 154 avait pour titre « Plaisir, efficacité, cohésion … Oui au travail en équipe et s’inscrivait dans la partie Epanouissante attitude :
Radieuse attitude
Positive attitude
Chaleureuse attitude
Epanouissante attitude
Irrésistible attitude
Culturelle attitude

Structure de l’article

L’article est structuré en 5 parties, les trois premières traitent de cas exposés. L’exposé du cas est suivi des avis (nos avis, dans l’ordre de l’interview). Une quatrième partie est intitulée : Apprendre à travailler en groupe et traite de deux questions : comment fixer le cadre du travail et quels moyens de communication choisir. Enfin, dans La cinquième partie nous sommes interrogés sur le livre (et je reprendrai plus loin le point de vue de Geneviève et Jocelyn, m’étant assez étalé sur le mien sur les réseaux sociaux depuis la parution en février 2022).

Les énoncés des cas

1. Michèle, 55 ans : je suis une solitaire dans le travail et les longues réunions d’équipe m’ennuient profondément. Chacun donne son avis dans le but de marquer son territoire. Nous perdons tous un temps fou. Et moi j’ai l’impression de ne plus être autonome sur mes dossiers
2. Anne, 42 ans : Le travail en équipe a quelque chose d’enthousiasmant pour moi. Mais il faut reconnaître que tout n’est pas aussi simple que cela. Par exemple, j’ai du mal à caler mon rythme sur celui des autres lors des séances de travail collectif. Je vais trop vite ou alors je suis trop lente. Au final, j’attends souvent les autres collaborateurs.
3. Géraldine, 48 ans : Avec l’arrivé de la crise sanitaire, j’apprécie de plus en plus les séances de travail à plusieurs et à distance ! C’est généralement motivant et joyeux. Nous confrontons nos avis et partageons les tâches. Nous fédérons les compétences de chacun. Cela rappelle combien l’humain est important au travail.

Retour sur les impressions de l’interview et analyse du résultat (le contenu de l’article dans fémitude)

L’interview a été un moment agréable dans une journée de travail généralement très solitaire. Être interviewé, n’était par ailleurs pas une situation nouvelle pour moi.
A la lecture du résultat, c’est-à-dire de l’article que nous trouvons tous les trois, plaisant, attirant et efficace, je me suis dit : « tu as fait tout ce que l’on ne doit pas faire dans un codev » en substance sauter de la phase 1 « exposé » directement à la phase 4 « consultation » (proposition de solutions) en occultant la phases 2 (questions de clarification) et la phase 3 (contrat).
Pour ne prendre qu’un exemple, dans le cas de Michèle nous ne savons rien de sa situation réelle et de son contexte ; a minima, dans une séance de codev nous aurions essayé d’en savoir plus : par exemple en posant les questions suivantes : -En quoi précisément consiste ton travail ? -Quel est ton territoire ? -Qu’est-ce qui te fait dire que tu as l’impression de ne plus être autonome ?
L’approche du/de la journaliste est différente : Il/elle a une intention qu’il / qu’elle ne nous communique pas et nous pose des questions auxquelles nous répondons en qualité d’expert.
Il faudrait avoir le courage ou l’impolitesse de répondre par une autre question, mais en raison de notre expérience professionnelle, nous vient rapidement à l’esprit une image – une projection – de Michèle, Anne ou Géraldine car, tous trois, Geneviève, Jocelyn et moi en avons rencontré des dizaines, sinon des centaines de femmes correspondant aux portraits qui nous sont donnés.

Pistes de réflexion pour la mise en œuvre d’un codéveloppement « de masse » à dominante asynchrone

Comme Geneviève et Jocelyn le résume bien dans la dernière partie de l’article, « nous avons (dans notre livre commun) choisi de présenter le codéveloppement sous de nombreux angles ». « Tous les trois, nous bénéficions d’une grande expérience d’animation en matière de codéveloppement et nous avons eu très envie de transmettre nos apprentissages. »
Parmi les expériences originales, le livre traite de deux modalités : le codev de masse et le « Rando-codev » ; la situation d’interview et les modalités d’échange avec Sarah m’ont également fait penser à une expérience de codev mixte (synchrone et asynchrone) également rapportée dans le livre. Et c’est cette dimension que je vais esquisser ici :
Au cours de l’interview, je me suis senti dans la position du « client » lors d’un Rando-codev, à certains moments du parcours.
Un des petits inconvénients du Rando-Codev est que les consultants n’entendent que les réponses aux questions qu’ils ont posées. De la même manière, dans la situation de l’interviewé, je ne savais à aucun moment ce que Jocelyn et Geneviève avaient répondu ou allaient répondre à la même question.
Ayant été formé à la facilitation asynchrone j’ai imaginé le dispositif suivant :
Un très grand groupe de 24 à 50 voir 100 personnes redécoupé en équipes de 5 à 8 participants démarrant ensemble un cycle ou une saison de fonctionnement de groupes de codéveloppement.

Une première séance ZOOM de lancement découpée comme suit :

PREMIERE PARTIE (30 Minutes)

a. Accueil – présentation très rapide des objectifs et déroulement de la séance
b. Brise-glace
c. Présentation détaillée des étapes, des rôles et règles de fonctionnement d’un groupe de codéveloppement
d. Présentation de l’espace de collaboration (…)

DEUXIEME PARTIE (en équipes ou groupes de 5 à 8) (1h30 à 2h)

Les équipes se constituent ou ont été préalablement constituées par l’ORGANISATEUR (un rôle important et généralement sous-estimé dans la mise en œuvre du codev de masse)
a. On fait connaissance
b. On écoute les attentes des uns et des autres
c. On définit des objectifs consensuels spécifiques au groupe (avec le facilitateur)
d. On décide des modalités du choix des clients et problématiques (2 options fondamentales existent : dans un cas, le Client de la prochaine séance est connu d’avance et va préparer son exposé. Dans l’autre cas, le choix du client et de sa problématique sont faits en séance)
e. On s’organise (fréquence, durée et planning des séances)
f. On définit les modalités de communication entre les séances

En guise de conclusion

L’article de Sarah nous a permis d’effleurer les apports du codéveloppement à la mise en place d’une culture collaborative au sein d’une équipe en partant de 3 cas illustratifs du ressenti de 3 personnages mis en situation de collaboration.
La substance de l’article (les avis, notamment) apportée par les 3 co-auteurs du livre par le biais d’une interview suivie (ou précédée) d’échanges par e-mail nous a fait prendre conscience de l’importance d’un aspect spécifique à une séance de codev et complètement occulté dans le processus de conception de l’article : la phase 2 questions de clarification – ce qui a eu un effet certain sur le contenu des avis émis.
L’idée nous est venue de combiner certains éléments de la situation vécue pour imaginer un dispositif de codéveloppement de masse faisant plus appel à l’écrit et à la communication asynchrone, ce qui permettrait d’initier rapidement un grand nombre de personnes à la démarche des groupes de codéveloppement sur des temps plus courts

 

Références:

(1) lien vers le livre sur le site de l’éditeur

(2) Le codéveloppement à haute vitesse 1/n

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