Suite de l’analyse de l’article de Josiane Basque [1]. Ce billet est consacré aux apports de la philosophie à la théorie de l’apprentissage situé. Les trois philosophes dont les apports à la théorie sont résumés dans ce billet, sont Georges Herbert Mead (qui d’ailleurs a été un collègue de John Dewey), John Dewey, et Alfred North Whitehead.
Josiane Basque nous dit à propos de Mead:
« Pour Mead, le développement de soi et de la pensée se fonde sur l’évolution de l’habileté de l’enfant à visualiser sa propre performance à partir du point de vue des autres. Le soi et la pensée résultent de l’importation de la « conversation des gestes » dans l’organisme individuel. En bref, Mead argue qu’il ne peut exister de soi et de pensée sans société. «
La pensée de Dewey est ainsi résumée, et l’on pourrait très bien imaginer ce résumé produit par Lave ou Suchman, toutes deux anthropologues, comme nous l’avons vu dans nos billets précédents:
Basque nous dit:
« Pour John Dewey, ce que nous appelons une représentation ne se trouve pas exclusivement dans la tête d’un individu; il s’agit plutôt d’un phénomène partagé entre l’individu et la situation (physique et sociale) dans laquelle il se trouve. Dewey précise que, dans la vie de tous les jours, nous devons composer le plus souvent avec des situations familières, où les représentations n’interviennent nullement. Cependant, lorsque nous sommes placés devant une situation problématique (…) nous devons mettre en place un processus actif et contrôlé d’expérimentation (inquiry) qui nous amène à convertir les éléments constitutifs de la situation en un tout unifié. Dans un tel processus où différents outils (physiques et symboliques) peuvent être utilisés, c’est toute la relation entre la personne et la situation (physique et sociale) qui est restructurée, non pas uniquement la représentation mentale de la situation… »
Enfin, pour la contribution de Whitehead, Basque nous dit qu’:
« il est surtout cité par les tenants de l’approche contextuelle de la cognition pour avoir une distinction entre un savoir qu’il qualifie d’inerte et un savoir utile. Le savoir inerte est un savoir qui peut être utilisé lorsqu’on demande aux gens de le faire explicitement, mais qui n’est pas utilisé spontanément dans des contextes où il est pertinent de le faire. Le savoir inerte serait le résultat d’un apprentissage détaché de tout contexte significatif. » (Brown, Collins et Duguid, 1989) [2]
Si l’on analyse ces courtes citations, l’on constate:
[1] Basque Josiane (2004) Le transfert d’apprentissage, qu’en disent les contextualistes. In A. Presseau et M. Frenay, Le transfert d’apprentissage: comprendre pour mieux intervenir. Quebec : Presses de l’université Laval
[2] The Dewey School
THE LABORATORY SCHOOL OF THE
UNIVERSITY OF CHICAGO
1896-1903 By KATHERINE CAMP MAYHEW
and ANNA CAMP EDWARDS
[3] Brown, J.S., Collins, A. et Duid, P. (1989). Situated cognition and the culture of learning. Educational Researcher, 18 (1), 32-42
Billets précédents:
Billet 1: Définitions de l’apprentissage situé
Billet 2: Pourquoi s’intéresser à la théorie de l’apprentissage situé?
Billet 3: Démarche et retour aux sources
Billet 4: Mai 1968 et l’apprentissage situé
Billet 5: Apprentissage situé et conversation
Billet 6: Lucy Suchman, mon téléphone portable et moi
Billet 7: Conversations avec moi-même (n° 1)
Billet 8: L’apprentissage situé mis en pratique, cela ferait quoi?
Billet 9: Contribution de la psychologie soviétique à la théorie de l’apprentissage situé
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