Théories et pratiques de l’apprentissage situé 15/101

Quand John Dewey rencontre Jean Lave

Introduction

En préparant cet article sur Jean Lave et l’apprentissage, lors d’une recherche Internet, j’ai trouvé ce « brouillon » (draft) d’un article intitulé « Cognition as Situational Inquiry: John Dewey Meets Jean Lave », article rédigé en août 2015 et que l’auteur principal, Matthew J. Brown m’a explicitement autorisé à citer: une comparaison des théories de Dewey et Lave en matière de « situation » et « cognition située ». J’ai pensé qu’il fournissait un pont entre deux pensées influentes en matière d’apprentissage.

La pensée de Dewey a été évoquée dans deux billets de cette série:Les apports de la philosophie à la théorie de l’apprentissage situé et Focus sur l’école Dewey , celle de Jean Lave dans de nombreux autres billets de cette série et de la série précédente, qu’il serait fastidieux de reprendre ici, Qui n’est pas du tout familier avec sa pensée pourra se référer à la vidéo accessible dans la partie Références de cet article.

La notion de « situation » selon Dewey

Dewey en 1890

Dewey en 1890 – (c) source The Dewey School

En page 9 de l’article « Cognition as Situational Inquiry: John Dewey Meets Jean Lave » , l’auteur Matthew J. Brown nous donne l’extrait d’une lettre dans laquelle Dewey définit la notion de situation[1] :
Une « situation »  est quelque chose qui comprend un grand nombre d’éléments divers répartis sur de grands espaces et  sur de longues périodes, mais qui, néanmoins, ont leur propre unité. … »

Les idées de Dewey et Lave sur la nature située de la cognition

L’auteur nous indique que les idées de John Dewey et Jean Lave se recoupent sur la nature située de la cognition [2] :
« Tous les deux mettent en évidence la notion de distribution de la cognition entre le cerveau, le corps, l’environnement, les artefacts et relations sociales …Tous les deux mettent en évidence l’aspect contextuel des capacités cognitives et des résultats, et tous deux partagent une critique de l’approche traditionnelle en matière de résolution de problème…( Enfin) Ils s’accordent sur la nature dialectique ou transactionnelle des catégories utilisées dans l’analyse de l’activité et la cognition » .

Tableau comparatif des théories

Il nous propose un tableau de synthèse des concepts utilisés par Lave et Dewey pour définir les points clés de leur théorie en matière de de situation et de cognition située.

Références

[1] In a letter to one Albert G.A. Balz, subsequently published as an exchange in The Journal of Philosophy, Dewey gives a concrete description of a situation: “Situation” stands for something inclusive of a large number of diverse elements existing across wide areas of space and long periods of time, but which, nevertheless, have their own unity.This discussion which we are here and now carrying on is precisely part of a situation. Your letter to me and what I am writing in response are evidently parts of that to which I have given the name “situation”; while these items are conspicuous features of the situation they are far from being the only or even the chief ones. In each case there is prolonged prior study: into this study have entered teachers, books, articles, and all the contacts which have shaped the views that now find themselves in disagreement with each other. » 

[2] There is significant overlap between the ideas of John Dewey and Jean Lave about the situational nature of cognition Both emphasize the distribution of cognition across brain, body, environment, artifacts, and social relationships, and on that account, propose shifting to a wider unit of analysis for the study of cognition. Both emphasize the contextual or situational specificity of cognitive skills and results. They share a critique of the traditional approach to the notion of “problem solving” that was taken up
in classical cognitive science, and they share the idea that problems require both situational conditions and phenomenological recognition of a problem as a problem of a certain kind. They share an understanding of the dialectical or transactional nature of the categories used in analyzing activity and cognition.

[3] Everyday Life and Learning with Jean Lave

Billets précédents:

Billet 1Définitions de l’apprentissage situé

Billet 2Pourquoi s’intéresser à la théorie de l’apprentissage situé?

Billet 3:  Démarche et retour aux sources

Billet 4: Mai 1968 et l’apprentissage situé

Billet 5:  Apprentissage situé et conversation

Billet 6: Lucy Suchman, mon téléphone portable et moi

Billet 7: Conversations avec moi-même (n° 1)

Billet 8: L’apprentissage situé mis en pratique, cela ferait quoi?

Billet 9: Contribution de la psychologie soviétique à la théorie de l’apprentissage situé

Billet 10Les apports de la philosophie à la théorie de l’apprentissage situé

Billet 11Focus sur l’école Dewey

Billet 12Apports de la psychologie de la perception – la notion d’affordance

Billet 13: Apprentissage situé et intelligence artificielle, deep learning, réalité virtuelle, réalité augmentée, etc…

Billet 14: Conversations avec moi-même (N°2)

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