Expérimenter le Codev en classe de 6ème (projet)

Introduction

Promis, si ce n’est pas le dernier article sur le CODEV (1) ,  cet article(2) sera ma dernière tentative pour convaincre ceux qui dans le système scolaire / universitaire ont le pouvoir d’agir
(et nous l’avons tous).

Je vais centrer mon propos sur la période collège, en classe de 6ème, en faisant une proposition d’approche expérimentale des groupes de codéveloppement dans une logique de recherche action à laquelle je m’engage, ici, à consacrer un an du reste de ma vie professionnelle, si le terrain d’expérimentation m’est offert.

L’article qui suit relate les objectifs et la démarche d’introduction du Codev dans une communauté constituée d’élèves de 6ème, du groupe d’enseignants intervenant dans la classe expérimentale, et, plus largement, des autres acteurs du système (notamment les parents, les autres enseignants, ainsi que tous les adultes intervenants dans l’école).

L’idée n’est pas d’intervenir sur la pédagogie qui reste de la responsabilité de chaque enseignant, mais de mesurer ce qu’une combinaison de CODEV, et de coaching indivivuel et collectif peut changer au long cours dans la communauté.

Pour donner à l’expérimentation un maximum de solidité méthodologique  celle-ci devra (pourra?) embarquer un doctorant (et son directeur de thèse) apte(s) à formaliser certains outils et rendre compte des résultats de l’expérimentation, en toute neutralité.

Prologue (extrait du livre de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron) – Les Héritiers – les étudiants et la culture

Même si le livre est dédié aux étudiants, je considère que ce passage s’applique ENCORE AUJOURD’HUI et à tous les niveaux du système scolaire:

 » Ainsi la distance est grande entre le modèle de la conduite étudiante ou professorale conforme à la rationalité et la conduite réelle des étudiants et des professeurs.
Les étudiants et les professeurs ont peut-être en commun l’intention obscure de sauver les avantages cachés que leur procure le système actuel tout en bénéficiant des avantages manifestes que leur assurerait le système opposé qui est incompatible en tant que tel avec le système présent. De même que les professeur peuvent déplorer la passivité des étudiants sans voir qu’elle est la rançon de la sécurité qu’ils doivent à un rapport pédagogique dissymétrique, de même certains étudiants peuvent imputer au seul autoritarisme professoral la passivité où ils sont tenus sans apercevoir qu’elle est la contrepartie de toutes les protections et de toutes les libertés que leur assure l’anonymat des amphithéâtres. Professeurs et étudiants peuvent même se rencontrer dans la dénonciation véhémente des obstacles à la rationalisation de l’enseignement; faute d’appréhender le système en tant que tel, ils ne veulent et ne peuvent pas voir que les satisfactions contradictoires mais simultanément ou alternativement accessibles qu’il leur procure sont nécessairement liés aux tares qu’ils déplorent. » Page 98

Sélection du lieu et d’expérimentation et de la classe

Je propose d’aller là où cela ne va pas et ou la communauté éducative se bat pour que les choses aillent mieux. Naturellement, la direction d’établissement, et les professeurs concernés devront être d’accord de manière unanime pour tenter l’expérience.

Pour des raisons d’impact, je propose qu’une classe de 6ème aussi représentative que possible de l’ensemble des classes de 6ème de l’établissement soit constituée en classe « expérimentale » avec une ou deux classes « témoins » et élèves de référence (profils comparables 1 à 1) pris dans les autres classes de 6ème.

But de l’expérimentation

Mesurer les effets aussi bien sur le climat que sur les résultats de l’introduction de la démarche du codéveloppement tant du côté de l’équipe enseignante (dans son ensemble) que des élèves constitués en « équipes » ad hoc de 5 à 8 (moyenne 6) selon les effectifs et préférences / et moyens (externes) mis en oeuvre.

Propositions pour une expérimentation « light »

1. Côté enseignants

– En fin d’année N-1, le projet est proposé aux enseignants qui seront amenés à enseigner en classe de 6ème;
– Tous les enseignants s’engagent à participer à l’activité du groupe de codéveloppement HORS CHARGE SCOLAIRE (voir si des moyens financiers supplémentaires pourraient être dégagés pour une rémunération en heures sup);
– Fréquence des réunions – 3 à 4 réunions par trimestre en fonction de la composition de l’équipe enseignante – chaque enseignant pouvant être le CLIENT au moins une fois dans l’année;
– La facilitation est réalisée par un facilitateur externe, professionnel formé à la technique de falicitation d’un groupe de codéveloppement professionnel;
– Une observateur (doctorant) observe et enregistre ce que le groupe d’enseignants consent à partager (PRINCIPE DE CONFIDENTIALITE DES ECHANGES).

2. Côté élèves

– des équipes (groupes) de 6 élèves pourrait être une moyenne à rechercher;
– chaque équipe se réunit une fois par semaine, pendant une heure 15 à une heure 30 avec un facilitateur-coach;
– au sein de chaque équipe, les élèves se choisissent un pseudonyme qui facilitera l’anonymisation des observations effectuées par le facilitateur (et transmises ultérieurement au doctorant);
– la facilitation est réalisée par le même facilitateur que celui qui intervient avec les enseignants;
– Selon les problématiques décelées, le facilitateur – coach, peut intervenir en mode coaching individuel pour accompagner chaque « Elève-Client » du jour dans la mise en oeuvre de son plan d’action.

 

Proposition pour une expérimentation « lourde » – modifiant les conditions pédagogiques

Idem ci-dessus, + en étroite collaboration avec le professeur principal de la classe, le facilitateur entre en mode observation de chaque cours de la classe expérimentale, sur une durée négociée chaque mois ou chaque trimestre (par exemple 1 semaine par mois ou 2 fois une semaine par trimestre).

 

Notes et références:

1. Le Codev ou Groupe de codéveloppement professionnel est une démarche structurée d’apprentissage par les pairs « inventée » au Canada dans les années 80 et formalisée pour la première fois par Adrien Payette et Claude Champagne dans leur livre commun « Le groupe de codéveloppement professionnel »
Résumé donné sur le site de la Fnac:
Comment améliorer sa pratique professionnelle ? Maintenir à jour ses connaissances par la formation est sans nul doute une approche intéressante, mais partager ses expériences avec d’autres professionnels permet de modifier ses attitudes et ses façons de faire, et d’en acquérir de nouvelles. Le groupe de codéveloppement professionnel est une approche de formation qui mise sur le groupe et sur les interactions entre les participants pour favoriser l’atteinte de l’objectif fondamental : améliorer sa pratique professionnelle…. »

2. Articles sur le codéveloppement sur le Blog d’Eumathos

Parmi les nombreux articles sur le sujet: cet article traite de l’évaluation des apprentissages au cours d’une séance de codev (étape 6/6)

3. Le livre collaboratif:  Les (nouveaux) chemins du codéveloppement

4. à propos de l’auteur:
Christian Martin est « learning coach », consultant, formateur et « learning designer ».
Après une courte carrière d’enseignant qui le conduit successivement en Angleterre en Allemagne puis en France, Christian Martin retourne sur les bancs de l’université Paris-X Nanterre pour étudier la conception médiatique (1983-1984).
Sa carrière professionnelle en France et en Suisse tourne autour du digital Learning, aussi bien chez des éditeurs de logiciel, agences e-learning que des organismes de formation. Il exerce des responsabilités de direction pédagogique, responsable qualité, et direction de projet, avant de créer ses propres sociétés.
Auteur / scénariste de plusieurs centaines de modules e-learning et d’enseignement assisté par ordinateur (EAO ). Son premier didacticiel : « Dos Docile » une initiation à MS-Dos », 1984
Co-auteur avec Philippe GIL des « Nouveaux Métiers de la Formation » Dunod, 2004.
Contributeur à l’ouvrage collectif « Communauté de pratique et management de la formation » Presses de l’UTBM, 2017. Article : Dimensions interculturelles de la communication au sein de communautés de pratique naissantes : confiance, conversation, convivialité
Aujourd’hui, il vit en Allemagne où et d’où il exerce en freelance le métier de « learning coach » et la fonction de « facilitateur d’une variante du codev » (High Speed Codev) et travaille à l’introduction des groupes de codéveloppement comme modalité de formation en Allemagne, Suisse et Autriche par le biais, de ses interventions dans des communautés de pratique L&D germanophones, principalement via la Corporate Learning Community (CLC) et son antenne de Stuttgart (CLC0711).

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