Dans cette première section du dernier chapitre de son Livre “Cognition in Practice.. » Jean Lave s’emploie à délimiter les relations entre la la pratique et ce qu’elle appelle le “constitutive order” – le problème posé est celui d’une théorie de la personne et d’une théorie du contexte qui se présupposent mutuellement.
Jean Lave aborde les questions de “constitutive order”, des théories cognitives conventionnelles, de l’activité de la personne “whole person activity” et, enfin le caractère “en situation” d’une activité; Ce sont les questions qui seront abordées au cours de ce dernier chapitre et qui font l’objet d’une présentation rapide dans cette section introductive
Une théorie de la personne et une théorie du contexte doivent être incluses dans une théorie plus large de l’ordre social (social order)
“But if a theory of person and a theory of context presuppose each other, they must be very awkward to invent unless embedded in a more inclusive theory of social order. Thus, both empirical studies of practice and theoretical critique point to the usefulness of delineating relations between practice and constitutive order. “
« Questions about the framing of practice follow from the problematic developed here, on several different grounds: »
Si la question du contexte d’une activité est incluse dans l’analyse d’une activité, alors la question se pose de son contexte (celui de l’analyse) On ne comprend pas le contexte d’une pratique mathématique dans le supermarché si l’on ne prend pas en considération l’ordre (social) constitué (constitutive order)
“If the context of activity, however defined, is included in the analysis of activity, then questions about its context are also relevant. In the present case, for instance, it is difficult to understand the context of arithmetic practice in the supermarket without considering the constitutive order which shapes both the experienced dilemmas of the shopper and the supermarket as an arena in relation with which setting and, further,activity, are constituted. “
La question de la pratique de la réflexion sur la pratique, directement concernée par les contextes de la pratique
(2) A critical stance towards conventional premises and analytic questions (e.g. those of conventional cognitive theory) has transformed old assumptions into objects of analysis. This is a practice of reflection on practice, directly concerned with the contexts of practice.
La centration sur l’activité de toute la personne (plutôt que de considérer la pensée séparée de l’action) et sur la distribution de la cognition entre personne, activité et “setting* » (voir note 1)
La pensée étant elle-même située socialement et culturellement dans le temps et dans l’espace – … et distribuée entre la personne, l’activité et le « setting » (cadre/environnement)
(To focus on whole-person activity rather than on thinking as separate from doing implies a negation of the conventional division between mind and body. This negation is also reflected in the claim that « cognition » is seamlessly distributed across persons, activity and setting. This in turn implies that thought (embodied and enacted) is situated in socially and culturally structured time and space. This object world, viewed as partially constructed with persons-acting, is an essential aspectof activity. Its constitution is a matter of sociocultural order writ large.
Enfin, si nous considérons que l’activité est spécifique à une situation, cela signifie que les objets d’analyse sont des moments (points) d’une conjoncture historico-culturelle et qu’ils doivent être analysés selon ces termes.
Finally, if we claim that activity is situationally specific, it implies that objects of analysis are points of cultural-historical conjuncture, and should be analyzed in those terms. These four claims represent lines of argument that have been carried through the project as a whole, and they have yet to be resolved.
Le dernier point évoqué ci-dessus ouvre de nouveau deux sujets déjà évoqué plus tôt dans le livre, mais non résolus: L’un est la source de la continuité dans les activités de la vie quotidienne et l’autre est celui de la relation entre cognition et culture ce qui va se traduire dans la suite du chapitre par une discussion sur la théorie de l’ordre social
« The fourth claim, concerning the cultural and historical specificity of situated activity, reopens two issues raised earlier. One is an account of the sources of continuity in everyday activity. For to argue that activity is fashioned in situationally specific forms does change the terms of debate about continuity but does not resolve it. »
[…]
« I have focused on the peculiarities of « problem solving » as a culture-specifIc vision of mental activity, and on rationality as the overarching cultural preoccupation which gives form to the vision if not to the practice. But arguments about cognitive theory as a cultural practice and as an operationalization of beliefs about rationality, and the alternative to this view posed by the math project, must be brought together. This last problem is addressed first, and leads to a discussion of the theory of social order more generally, followed by a discussion· of the person-acting, and fmally, the problem of the continuity of activity across settings. »
(1) Setting (cadre/environnement) qui pourrait être décrit peut-être par une configuration subjective et personnelle de l’environnement (y compris humain) dans lequel se situe l’action. Cette défintion ne doit rien à Jean Lave, c’est l’idée que je me fais du concept.
Jean Lave, distingue les concept d’arena » et de «setting», distinction que nous avons déjà évoquée dans un billet précédent. L’arena (arène) étant l’espace physique, concret, objectif, déterminé par des règles d’agencement sur lesquelles l’usager n’a pas d’influence, qui par conséquent est différent du concept de setting, qui lui est personnel à chaque usager.
Billet 1: Définitions de l’apprentissage situé
Billet 2: Pourquoi s’intéresser à la théorie de l’apprentissage situé?
Billet 3: Démarche et retour aux sources
Billet 4: Mai 1968 et l’apprentissage situé
Billet 5: Apprentissage situé et conversation
Billet 6: Lucy Suchman, mon téléphone portable et moi
Billet 7: Conversations avec moi-même (n° 1)
Billet 8: L’apprentissage situé mis en pratique, cela ferait quoi?
Billet 9: Contribution de la psychologie soviétique à la théorie de l’apprentissage situé
Billet 10: Les apports de la philosophie à la théorie de l’apprentissage situé
Billet 11: Focus sur l’école Dewey
Billet 12: Apports de la psychologie de la perception – la notion d’affordance
Billet 13: Apprentissage situé et intelligence artificielle, deep learning, réalité virtuelle, réalité augmentée, etc…
Billet 14: Conversations avec moi-même (N°2)
Billet 15: Quand John Dewey rencontre Jean Lave
Billet 16: Cognition in Practice (1/n)
Billet 17: Cognition in Practice (2/n)
Billet 18: Cognition in Practice (3/n)
Billet 19: Cognition in Practice (4/n)
Billet 20 : Cognition in Practice (5/n)
Billet 21: « Conversations avec moi même N°3 »
Billet 22: Cognition in Practice (6/n)
Billet 23: Cognition in Practice (7/n)
Billet 24: Cognition in Practice (8/n)
Billet 25: Cognition in Practice (9/n)
Billet 26: Cognition in Practice (10/n)
Billet 27: Cognition in Practice (11/n)
Billet 28: « Conversations avec moi-même N°4 »
Billet 29: Cognition in Practice (12/n)
Billet 30: Cognition in Practice (13/n)
Billet 31: Cognition in Practice (14/n)
Billet 32: Cognition in Practice (15/n)
Billet 33: Cognition in Practice (16/n)
Billet 34: Cognition in Practice (17/n)
Billet 35: « Conversations avec moi-même N°5 »
Billet 36: Cognition in Practice (18/n)
Billet 37: Cognition in Practice (19/n)
Billet 38: Cognition in Practice (20/n)
Billet 39: Cognition in Practice (21/n)
Billet 40: Cognition in Practice (22/n)
Commentaires récents