Théories et pratiques de l’apprentissage situé 59/101

Human–Machine Reconfigurations Lucy A. Suchman (3/n)

Introduction

Dans ce nouveau billet sur le livre de Lucy A. Suchman, Human–Machine Reconfigurations, je vais vous présenter quelques éléments du chapitre  1 intitulé « Lectures et réponses ». Dans ce Chapitre Lucy A.Suchman revient sur le contexte et sur les réactions à son livre, les désaccords ou incompréhensions qu’il a suscité lors de la sortie de la premier édition, et cite notamment, Vera & Simon, Sharrock et Button

Lectures et réponses

En guise d’introduction de ce chapitre Lucy A. Suchman nous dit

Ce chapitre propose une synthèse et une mise en contexte de l’analyse proposée dans l’édition originale de Plans et Actions Situées (…) suivie de mes réflexions sur la réception du livre.

Le déclencheur

Un intérêt plus spécifique pour la question de l’interactivité à l’interface a commencé lorsque j’ai été intrigué par un effort parmi mes collègues pour concevoir une interface interactive pour une machine particulière.

(…) Les clients se sont plaints que la machine était trop compliquée.

Mon analyse des problèmes évidents dans ces rencontres enregistrées sur vidéo, par de vrais scientifiques / ingénieurs, m’a amené à la conclusion que son caractère opaque n’était pas une fonction d’un manque de sophistication technologique générale de la part de ses utilisateurs mais plutôt de leur manque de familiarité avec cette machine particulière.

(…) Pour mieux comprendre ces problèmes, j’ai développé un simple dispositif de transcription pour les cassettes vidéo.
(…) Je pouvais voir que j’aurais pu intervenir. En même temps, j’ai pu voir que la machine semblait assez inconsciente de ces difficultés apparemment évidentes. Ma question est alors devenue la suivante :
Quelle ressource étais-je, en tant qu’observateur intelligent à part entière (du moins à cette fin), en utilisant mes analyses ? Et comment se comparent-elles aux ressources dont dispose la machine ?
La réponse à la question, j’ai vite compris, au moins en partie, que la machine n’avait accès qu’à un très petit sous-ensemble des actions observables des utilisateurs. »

Puis elle présente le travail d’Agre et Chapmann

Une évolution inattendue mais bienvenue dans l’avancement de mon travail sur le texte original s’est produite lorsque j’ai découvert une résonance entre mon projet et un autre en cours à l’époque au sein de la communauté AI. Dans les années 1980, Phil Agre et David Chapman, eux-mêmes doctorants au laboratoire d’IA du MIT, se sont engagés dans une sorte de critique endogène des hypothèses et des pratiques en vigueur dans ce domaine, en particulier dans le domaine de la planification de l’IA.
(…) nous avons découvert une complémentarité inattendue dans nos projets.

Discussions sur le livre

Deux forums publiés dans les années 1993 et 2003 constituent les discussions les plus intenses sur le texte original du P&SA, tous deux situés à l’intersection des sciences cognitives et sociales.
(…)
Peut-être en partie à cause de leur engagement à (leur) conception de plans, Vera et Simon ont lu mon argument selon lequel les plans ne sont pas déterminants pour l’activité, qu’ils projettent (du moins pas dans le sens fort du terme déterminant) comme un rejet de la planification tout court.

(…) Pour résumer ma position, d’alors et aujourd’hui: les plans sont des dispositifs conceptuels et rhétoriques (souvent matérialisés de diverses manières sous forme de textes, diagrammes et autres) qui sont profondément pertinents pour les activités vécues de ceux d’entre nous qui organisons nos actions dans leurs termes, de même que les plans sont  pertinent pour les actions qu’ils projettent définissent, au moins potentiellement, un territoire d’intérêt commun pour les sciences sociales et cognitives.

(…) Dans un commentaire (sympathique), Sharrock et Button attirent l’attention sur une vulnérabilité plus profonde dans mon argument initial. Ils terminent leur commentaire par une précieuse clarification en soulignant les ambiguïtés du verbe « déterminer ». Plus précisément, ils soulignent le sens qu’implique une déclaration comme « notre position en haute mer est déterminée… en consultant une carte » présuppose non pas une relation axiomatiquement causale, mais un acte par lequel les choses sont mises en relation. »

Alors qu’elle s’apprête à conclure ce chapitre, Lucy A. Suchman écrit :

Je commence maintenant ma conclusion en réitérant la conclusion fondamentale de l’analyse dans P&SA ; précisément qu’il n’y a (encore) aucune preuve d’une conversation entre humains et machines dans le sens fort telle qu’elle se déroule entre humains.
Traduit avec www.DeepL.com/Translator

Sources

This chapter provides a synopsis and some contextualisation of the analysis offered in the original edition of Plans and Situated Actions (…) followed by my reflections ont the reception dans readings

 

More specific interest in the question of interactivity at the interface began when I became intrigued by an effort among my collegues to design an interactive interface to a particular machine

(…) Customers complained that the machine was too complicated

My analysis of the troubles evident in these videotaped encounters, by actual scientis / engineers led me to the conclusion that its obscurity was not a function of any lack of general technological sophistication on the part of its users but rather their lack of familiarity with this particular machine

(…) To understant those troubles better, I developed a simple transcript device for the videotapes.
(…) I could see that I might have intervened. As the same time I could see that the machine appeared quite oblivious to these seemingly obvious difficulties. My Question then became the following:
What resource was I, as (at least for that purpose) as a full-fledged intelligent observer, making use of my analyses? And how did they compare to the resources available to the machine?
The answer to the question, I quickly realised, was at least in part that the machine had access only to a very small subset of the observable actions of the users.

Then she introduces the work of Agre and Chapmann

An unanticipated but welcome development in the progress of my work on the original text occuered when I discovered a resonance between my project and another underway at the time inside the AI community. In the 1980s, Phil Agre and David Chapma, themeselves doctoral students at the MIT AI lab, wer engaged in a kind of endogenous critique of prevailing assumptions and practices within the field, particularly in the area of AI planning.
(…) we discovered an unexpected complementarity in our projects.
Discussions about the book

Two published forums in the years 1993 and 2003 comprise the most intensive discussion of the original text of P&SA
both located at the intersection of the cognitive and the social sciences.
(…)
Perhaps in part because of their commitment to (their) conception of plans, Vera and Simon read my argument that plans are not determining of the actio, that they project (at least not in the strong sense of the word determining) as a rejection of planning altogether

(…) To summarize my position then and now that plans are conceptual and rhetorica devices (often materialized in various ways as texts, diagrams and the like) that are deeplu consequential for livede activities of those of us that organize our actions in their terms just how plans ar consequential for the actions they project defined, at least potentialy, a territory of mutual interest for the social and cognitive sciences.

(…) In a (sympathetic) commentary, Sharrock and Button call attention to a deeper vulnerability in my original argument. They close their commentary with a valuable clarification by pointing to ambiguities in the verb « to determine ». More specifically they point out the sense implied by a statement like « our position on high seas is determined … by consulting a chart » presupposes not an axiomatically causal relation, but an act by which things are brought into relations.

As she is about to conclude this chapter, Lucy A. Suchman writes:

I begin my conclusion now by reiterating the basic finding of the analysis in P&SA; nameley that there is (still) no evidence for achievement of conversation between humans and machines in the strong sense that we know it to go on between humans.

 

Le prochain billet

traitera des chapitres:
2. Préface de la première édition et
3. Introduction à la première édition

Billets précédents

Billet 1Définitions de l’apprentissage situé

Billet 2Pourquoi s’intéresser à la théorie de l’apprentissage situé?

Billet 3:  Démarche et retour aux sources

Billet 4: Mai 1968 et l’apprentissage situé

Billet 5:  Apprentissage situé et conversation

Billet 6: Lucy Suchman, mon téléphone portable et moi

Billet 7: Conversations avec moi-même (n° 1)

Billet 8: L’apprentissage situé mis en pratique, cela ferait quoi?

Billet 9: Contribution de la psychologie soviétique à la théorie de l’apprentissage situé

Billet 10Les apports de la philosophie à la théorie de l’apprentissage situé

Billet 11Focus sur l’école Dewey

Billet 12Apports de la psychologie de la perception – la notion d’affordance

Billet 13: Apprentissage situé et intelligence artificielle, deep learning, réalité virtuelle, réalité augmentée, etc…

Billet 14: Conversations avec moi-même (N°2)

Billet 15: Quand John Dewey rencontre Jean Lave

Billet 16: Cognition in Practice (1/n)

Billet 17: Cognition in Practice (2/n)

Billet 18: Cognition in Practice (3/n)

Billet 19: Cognition in Practice (4/n)

Billet 20 Cognition in Practice (5/n)

Billet 21: « Conversations avec moi même N°3 »

Billet 22: Cognition in Practice (6/n)

Billet 23: Cognition in Practice (7/n)

Billet 24: Cognition in Practice (8/n)

Billet 25: Cognition in Practice (9/n)

Billet 26: Cognition in Practice (10/n)

Billet 27: Cognition in Practice (11/n)

Billet 28: « Conversations avec moi-même N°4 »

Billet 29: Cognition in Practice (12/n)

Billet 30: Cognition in Practice (13/n)

Billet 31: Cognition in Practice (14/n)

Billet 32: Cognition in Practice (15/n)

Billet 33: Cognition in Practice (16/n)

Billet 34: Cognition in Practice (17/n)

Billet 35: « Conversations avec moi-même N°5 »

Billet 36: Cognition in Practice (18/n)

Billet 37: Cognition in Practice (19/n)

Billet 38: Cognition in Practice (20/n)

Billet 39: Cognition in Practice (21/n)

Billet 40: Cognition in Practice (22/n)

Billet 41: Cognition in Practice (23/n)

Billet 42: « Conversations avec moi-même N°6 »

Billet 43: Cognition in Practice (24/n)

Billet 44: Cognition in Practice (25/n)

Billet 45: Cognition in Practice (26/n)

Billet 46: « Conversations avec moi-même N° 7

Billet 47: Cognition in Practice (27/n)

Billet 48: Cognition in Practice (28/n)

Billet 49: Cognition in Practice (29/n)

Billet 50: Cognition in Practice (30/n)

Billet 51: « Conversations avec moi-même N°8 »

Billet 52: Cognition in Practice (31/n)

Billet 53: Cognition in Practice (32/32)

Billet 54: Situated Learning – Legitimate Peripheral Participation

Billet 55: Situated learning in Communities of Practice

Billet 56: Citations sur l’apprentissage situé

Billet 57: Pourquoi ce livre de Lucy A. Suchman?

Billet 58: Human–Machine Reconfigurations Lucy A. Suchman (2/n)

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